Conseils pour Alliés Masculins

Translation by Christophe Hendrickx. See more French translations of critical vegan essays by grassroots activists by visiting his blog, La Pilule Rouge. The original English version of this essay can be found by clicking here.

Il ne fait aucun doute, le mouvement pour les droits des animaux non-humains a été compromis par le sexisme et manipulé par le patriarcat. Ce n’est dorénavant plus juste PETA qui mène la danse : c’est un nombre incalculable d’autres organisations (comme Fish Love), de compagnies (comme LUSH), et de pornographes (comme Vegan Pinup). Qui plus est, cela s’est propagé aux interactions individuelles comme le montre la normalité croissante d’activistes masculins tentant de contrôler, manipuler, menacer, ou harceler les militantes féminines.

Beaucoup de féministes insistent sur le fait que les hommes ne peuvent pas être des féministes (et l’Organisation Nationale des Hommes contre le Sexisme est d’accord). Être féministe, c’est être une femme auto-identifiée se battant pour l’égalité féminine. Être une féministe demande une expérience directe de l’oppression de genre, car c’est cette expérience unique en tant que membre du groupe visé qui informera l’activisme. Les hommes qui s’offusquent de cette définition et qui demandent à être inclus ne font que mettre en évidence l’ubiquité du privilège masculin. Lorsque les hommes réaffirment ce droit, ils démontrent leur besoin d’être aux commandes et ils démontrent le patriarcat. Bien que les hommes ne pourront jamais entièrement se soustraire eux-mêmes des privilèges de leur genre, les hommes peuvent tout à fait être des alliés.

Et nous avons grandement besoin d’alliés dans le mouvement des droits des animaux non-humains. Ce qui est peut-être le plus à blâmer pour le sexisme et la misogynie rampante dans notre mouvement (au-delà de la nature oppressante du patriarcat) est la complaisance. Il est temps de déplacer la responsabilité sur les membres masculins de notre communauté.

  1. Ne Soyez Jamais Complaisants

Si vous êtes témoin d’une femme se faisant brimée, harcelée ou intimidée… exprimez-vous. Si vous restez silencieux, si vous « restez neutre », ou si vous prenez la défense de l’agresseur (ce que j’identifie comme « mentalité de la bande de mecs »), vous êtes tout aussi coupable de sexisme et d’oppression que l’agresseur.

  1. Demandez une Représentation Égale

Si vous participez à un projet qui est principalement mené par des hommes (ce qui est suspect considérant que notre mouvement est composé à 80% de femmes), demandez à savoir où sont les femmes et refusez de participer avant qu’elles soient incluses. Ce problème est également présent dans le mouvement athée/sceptique, et les féministes et leurs alliés ont très bien réussi à faire pression sur les organisateurs d’évènements pour améliorer les proportions de genre.

  1. N’utilisez Jamais la Carte du “Sexisme Inversé”

Les femmes, qui sont un groupe oppressé vivant sous un patriarcat qui privilégie les hommes, ne peuvent pas, de par la nature même de leur statut social, exercer de sexisme envers les hommes. Dire d’une femme qu’elle est sexiste (ou, pire, « misandre ») vise à rediriger l’attention du problème des hommes, un groupe privilégié qui n’est jamais remis en question, vers les femmes. C’est une tactique visant à détourner l’attention de l’oppresseur vers l’oppressée. C’est une tactique visant à réduire au silence.

  1. Ne Mansplainez (Mecspliquez) Pas.

Le fait est que, malgré la sagesse infinie et la formation approfondie que pourraient avoir certains hommes, les hommes ne connaissent malgré tout pas mieux les problèmes des femmes que les femmes elles-mêmes. Le mansplainingsemble avoir frappé notre communauté. Beaucoup d’hommes insistent pour tout expliquer aux femmes, du féminisme au viol, avec l’intention de dominer la conversation ou de remporter le débat. Les expériences personnelles des femmes sont complètement écartées et dévalorisées, quand bien-même ces femmes ont les qualifications irréfutables les appuyant. Le mansplaining n’aide pas, c’est oppressif et irrespectueux.

  1. N’Harcelez pas les Femmes

Bien que cela puisse paraître évident, le harcèlement dans notre mouvement est un véritable problème. A travers des interviews réalisées avec des militantes, Emily Gaarder, dans son ouvrage de 2011 Women and the Animal Rights Movement, a constaté que le problème était plutôt répandu. J’ai moi-même été victimisée par plusieurs hommes vegans qui m’ont harcelée au point de devoir presque appeler la police.

  1. Écoutez

La majorité des hommes ne savent pas ce qu’est être une femme, n’ayant jamais fait l’expérience d’en être une. Tout comme les personnes de couleur blanche ne peuvent jamais totalement comprendre ce qu’est être une personne de couleur, unhomme cis ne peut jamais totalement comprendre ce qu’est être une femme. On considère généralement comme condescendant et peu utile qu’une personne blanche prétende avoir toutes les réponses sur les difficultés que rencontrent les personnes de couleur. Je soutiens que la même chose s’applique aux hommes qui pensent pouvoir comprendre ce qu’est l’expérience féminine et qui se sentent également dans leur droit de privilégié de définir ou de valider le sexisme. Au lieu d’insister, « Ce n’est pas sexiste » ou « Tu exagères », essayez d’écouter. Tentez de comprendre d’où viennent les femmes, les problèmes auxquels elles doivent faire face, et les solutions qu’elles recherchent. De même, rappelez-vous de leur faire de la place. N’essayez pas de dominer la discussion et donnez de l’espace aux femmes pour qu’elles participent sans être noyées par votre voix.

  1. Ne Gaslightez pas

Le Gaslighting est un outil efficace de contrôle masculin, se manifestant généralement dans des cas de violence conjugale ou de violence psychologique. Le Gaslighting est une tactique visant à faire douter une femme sur sa réalité et ses expériences. Si une femme déclare avoir fait l’objet de sexisme, et que vous lui dites qu’elle en fait toute une affaire pour rien ou qu’elle « exagère », c’est du Gaslighting. Faire en sorte qu’une femme se sente « folle » ou qu’elle apparaisse comme tel aux yeux des autres est un moyen de l’affaiblir et de la contrôler.

  1. Surveillez Votre Langage

Il y a des centaines de termes féminins péjoratifs (et seulement quelques masculins) qui utilisent l’identité féminine comme une insulte. Ils visent à affaiblir. Par exemple, l’association « Defending Pitbulls against Peta » appelle la présidente de PETA Ingrid Newkirk une « vilaine sorcière » et Nathan Winograd insinue qu’elle est une malade mentale. Ces deux exemples ne sont que la continuité d’une longue histoire de femmes ayant été ostracisées, institutionnalisées, et même tuées pour avoir été des « sorcières » ou « folles ». La langue française est vaste et contient plus de mots que la personne lambda n’en utilisera, donc il n’y a vraiment aucune excuse pour utiliser des péjoratifs genrés à moins que l’intention est de s’appuyer sur le sexisme pour renforcer votre argument.

  1. Soyez Critiques envers la Violence

Dans son livre de 2006, Capers in the Churchyard : Animal Rights Advocacy in the Age of Terror, Lee Hall avance que les tactiques violentes sont indubitablement associées à l’expression masculine du pouvoir, de la bravade et de la domination. J’ajouterais que ces approches sont en grande partie anti-féministes. La violence privilégie l’expérience masculine et le contrôle masculin, et, en même temps, rabaisse la féminité et vise à effrayer. Dans un discours présenté lors d’une conférence de 2012 en Italie, « La Paralysie du Pacifisme : En Défense de l’Action Militante Directe et de la « Violence » pour la Libération Animale », l’orateur crie littéralement sur une salle pleine de jeunes militantes, les accusant de pacifisme et insistant pour qu’elles abandonnent la non-violence.

  1. Soyez Critiques de l’Exploitation Sexuelle

Si vous êtes témoin d’une situation dans laquelle des femmes sont encouragées à se dévêtir pour « la cause »… faites entendre votre voix. Le corps des femmes ne devrait regarder personne, mais nous ne pouvons également pas ignorer la réalité d’un mouvement qui, couramment, exploite et objectifie sexuellement les femmes. L’oppression des animaux non-humains ne peut être démantelée via l’oppression des femmes. Faites entendre votre voix, laissez un commentaire, envoyez un email, ou tenez un blog sur le sujet. Ne laissez pas s’étendre l’exploitation sexuelle sans broncher.

 

Prière de reconnaître que ces requêtes ne sont pas une attaque envers les hommes. Ce n’est rien d’autre qu’une tentative honnête de créer un espace sûr pour les femmes dans un mouvement qui devient de plus en plus dangereux et humiliant. Nous devons faire face à l’inégalité là où elle survient. Nous sommes de plus en plus conscients de la manière dont nous traitons les autres groupes à risque, et pourtant nous ignorons si souvent le sort des femmes. Pire encore, ces femmes qui trouvent le courage de prendre la parole sont accusées d’en faire tout un foin. C’est représentatif de l’enracinement du sexisme et de la misogynie. Lorsqu’un mouvement composé à 80% de femmes ne peut se libérer des chaînes de l’oppression féminine, nous devrions être sérieusement préoccupé·es. Mais la charge du travail ne devrait pas reposer entièrement sur les femmes, les hommes doivent également prendre leur responsabilité et s’efforcer d’être des alliés féministes vegans pour le bénéfice de tous et de toutes, hommes, femmes, humains, ou non-humains.

 


Corey Lee WrennDr. Wrenn is Lecturer of Sociology. She received her Ph.D. in Sociology with Colorado State University in 2016. She received her M.S. in Sociology in 2008 and her B.A. in Political Science in 2005, both from Virginia Tech. She was awarded Exemplary Diversity Scholar, 2016 by the University of Michigan’s National Center for Institutional Diversity. She served as council member with the American Sociological Association’s Animals & Society section (2013-2016) and was elected Chair in 2018. She serves as Book Review Editor to Society & Animals and has contributed to the Human-Animal Studies Images and Cinema blogs for the Animals and Society Institute. She has been published in several peer-reviewed academic journals including the Journal of Gender Studies, Feminist Media Studies, Disability & Society, Food, Culture & Society, and Society & Animals. In July 2013, she founded the Vegan Feminist Network, an academic-activist project engaging intersectional social justice praxis. She is the author of A Rational Approach to Animal Rights: Extensions in Abolitionist Theory (Palgrave MacMillan 2016).

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Demande-t-on le Respect et la Justice ? Ou juste des chamailleries ?

Content Warning:  Discute de pornographie et de sexisme
Not Safe for Work:  Contient du langage grossier et des sujets explicitement sexuels

Translation by Christophe Hendrickx. See more French translations of critical vegan essays by grassroots activists by visiting his blog, La Pilule Rouge. The original English version of this essay can be found by clicking here.

 

PETA a posté sur Vegan Feminist Network aujourd’hui en réponse à mon article qui déconstruit leur campagne « Veggie Love Casting » . La campagne dépeint des jeunes femmes en bikinis et hauts talons effectuant du sexe oral et autres actes sexuels sur des légumes « pour les animaux ». Le communiqué est reproduit ci-dessous. J’ai mis en évidence les passages problématiques et les analyserait plus bas.

Les femmes intelligentes et sensibles qui ont participé dans ce clip ont choisi de le faire car elles soutenaient l’idée et voulaient agir pour aider les animaux. PETA les admire pour cela et ne leur dirait jamais qu’elles doivent se comporter d’une certaine manière afin d’avoir l’approbation de quelqu’un d’autre. PETA applaudit tout ce que les gens font pour aider les animaux et tente de montrer quelque chose qui plaise à tout le monde.

Tout le monde n’approuve pas les tactiques de PETA – et on peut choisir de ne pas montrer nos vidéos si c’est le cas – mais nous serons certainement tous d’accord pour dire qu’il est plus efficace de concentrer notre temps et notre énergie sur les abuseurs d’animaux plutôt que de nous chamailler.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur les autres campagnes de PETA, ou visionner nos publicités comprenant des hommes, vous pouvez visiter le site www.PETA.org. Merci encore pour tout ce que vous faites pour promouvoir le véganisme et pour faire de ce monde un meilleur endroit pour les animaux. 

A white woman deep-throating a cucumber.

Une image de la campagne.

PETA déclare ne pas avoir dit aux femmes d’agir de cette manière, mais c’est une justification malhonnête. De toute évidence, PETA a mis au point la campagne et a engagé les participantes. Ce n’était pas un mouvement populaire spontané pour la promotion du sexe avec des légumes pour les animaux non-humains. En parlant de cela, est-ce qu’avoir une relation sexuelle avec des concombres ce que sont supposées faire les femmes si elles veulent aider les animaux ?

D’une certaine manière, PETA a raison de dire qu’on ne « dit » pas aux femmes d’agir de cette manière. C’est parce que PETA normalise le militantisme sexiste comme militantisme adapté aux femmes. Les militantes s’engagent de plus en plus dans le mouvement pour les droits des animaux avec la connaissance de ce qu’on attend d’elles (Gail Dines désigne ce phénomène de socialisation comme « prête au porno »). Les campagnes pornifiées sont aujourd’hui normalisées dans l’imaginaire politique du mouvement. Elles sont considérées pour acquises comme étant utiles, malgré la recherche psychologique sociale démontrant que ce n’est non seulement pas efficace, mais également contre-productif.

Les tropes incorporées dans la réponse de PETA visent à protéger cette normalité et méritent donc qu’on s’y penche.

1. Choix

Le “Choix” est un concept qui fonctionne généralement pour détourner l’attention sur le problème de l’inégalité structurelle et qui place la responsabilité sur l’individu·e. Il masque les privilèges et renforces l’oppression.

Les femmes « choisissent » de travailler dans le porno car une société patriarcale leur offre des options extrêmement limitées. Les femmes font ce « choix » car elles grandissent dans une société qui leur inculque que leur valeur est liée à leur attractivité sexuelle et leur disponibilité sexuelle (au contraire des hommes à qui on enseigne qu’ils peuvent réussir grâce à leur force, leur leadership, leur intelligence, leur esprit, etc.).

The Girls Gone Wild tour bus. Depicts two blonde white women, reads "Do you have what it takes?"

La plupart des actrices porno proviennent de milieux défavorisés et/ou de foyers violents et ont des carrières extrêmement courtes (environ 3 ans, une durée qui a fortement diminuée). La grande majorité des actrices porno gagnent très peu d’argent. Nous parlons ici de quelques centaines d’euros pour chaque film, avec une proposition de film toutes les quelques semaines environ. Une fois qu’elles ont « tout fait », elles sont usées, et n’ont plus d’utilité pour l’industrie. Ça vous dit quelque chose ? C’est exactement la manière dont les humains traitent les poules pondeuses et les vaches laitières : comme des ressources sexuelles périssables. Les femmes continuent à consentir d’effectuer des actes sexuels de plus en plus dégradants, douloureux, ou dangereux afin de rester dans la course le plus longtemps possible. L’industrie expose les femmes à ces conditions de travail précaires et dangereuses sans aucune sécurité garantie. Si c’est là le « choix » qu’ont les femmes, il y a quelque chose qui cloche réellement avec notre système de travail.

Je ne blâme pas ces actrices (militantes?) qui travaillent pour PETA. Elles font juste leur travail, et essayent de gagner leur vie. Certaines se sont peut-être même amusées et ont aimé participer. Au lieu de cela, je blâme le patriarcat qui élève les femmes comme ressources pour les hommes. Je blâme un mouvement social qui est supposé être basé sur la paix mais qui à la place exploite les vulnérabilités des femmes pour la levée de fonds. Sous le patriarcat, les règles du jeu penchent en faveur des hommes au détriment des femmes (et des autres populations vulnérables, dont les animaux non-humains). Toutes les femmes sont des produits d’un patriarcat qui les incite à croire : « Votre valeur sociale = Votre disponibilité sexuelle ».

Le “choix” s’appuie sur un ensemble très restreint d’options définies pour les femmes par le patriarcat. Si nous voulons avoir une discussion sérieuse sur le « choix », je suggère que nous obtenions une réponse claire de PETA quant à leur choix intentionnel de femmes pour la levée de fonds et l’attention des médias, et la raison pour laquelle des femmes sont placées disproportionnellement dans des scénarios dégradants, souvent (même si pas dans ce cas-ci) en simulant la souffrance et la mort horrible d’animaux non-humains. Comme dans toute pornographie, les campagnes de PETA sexualisent l’humiliation et la violence envers les femmes.

2. Viser un large public

Les personnes susceptibles d’être attirées par la pornographie ne seront probablement pas intéressées de s’investir sérieusement dans la justice sociale. La pornographie consolide l’oppression et renforce la notion que certaines personnes sont des objets de ressources pour d’autres, plus privilégiées. C’est loin d’être le genre de structure qu’on est en droit d’attendre pour remettre en cause le spécisme. Pour rappel, la recherche démontre que les campagnes de PETA repoussent en réalité les téléspectateurs qui peuvent aisément reconnaître que les femmes sont rabaissées.

3. Critique de la culture du viol comme de la « Chamaillerie »

Une femme sur 3 sera violée, battue, ou abusée d’une certaine manière une fois au cours de sa vie. Cette violence est fortement liée aux médias misogynes, et PETA non seulement crée mais promeut les médias misogynes. Décrire la critique féministe de cette violence systémique comme étant de la chamaillerie est insultant et banalisant. Faire front contre la violence que j’endure, contre la violence que des millions de femmes endurent, n’est pas de la chamaillerie, c’est de la justice sociale en action.

4. Hommes contre Femmes

Nous ne vivons pas dans une société post-genre/post-féministe. Les corps des hommes et des femmes ne sont pas vus ou traités de manière égale. On ne peut pas simplement déclarer : « Nous utilisons aussi des hommes ! ». Ca ne compensera pas la misogynie utilisée dans la majorité des actions de PETA. 96% de l’objectification sexuelle présente dans les médias inclut des femmes. Les femmes sont également bien plus susceptibles d’être victimes de viol, d’abus sexuels et de violence conjugale. Il est injuste de balayer les représentations sexistes des femmes juste parce que le corps d’un homme est utilisé de temps à autre.

Cet argument est particulièrement absurde dans le cas de PETA. Les publicités de PETA mettant en scène des hommes représentent dans l’ensemble des hommes qui sont aux commandes de leur espace social, et leur pouvoir ainsi que leur statut sont renforcés. Certaines de leurs affiches représentent des hommes ridicules. A nouveau, il n’y a aucun sexisme sérieux en jeu. Nous trouvons ces affiches idiotes car les hommes sont rarement objectifiés sexuellement et représentés dans une position soumise. Les hommes ne sont pas affichés dans des positions sexuelles soumises ou comme victimes de violence, seules les femmes le sont.

Prenez par exemple cette image d’un acteur de Bollywood militant pour PETA. Remarquez le regard confiant face à l’objectif, son pouvoir sur la situation, et sa capacité de contrôle l’espace autour de lui et de créer du changement. Remarquez cette posture qui affiche la confiance.

Indian Bollywood actor freeing birds. He is shown giving direct eye contact to the camera and displaying his power and strength.

En revanche, examinez cette affiche typique de PETA représentant une femme nue. Elle est montrée dans une position soumise, vulnérable, pas sur ses pieds, à la merci du téléspectateur. Ses yeux ne font pas directement face à l’objectif, mais le regarde au contraire par le bas. Elle caresse doucement le lapin; il n’y a pas de contrôle sur son espace. Ses fesses sont relevées pour suggérer la disponibilité sexuelle.

Reads "I'd rather show my buns than wear fur." Shows a naked white woman prostrate on the ground touching a rabbit.

L’argument que le sexisme n’existe pas dans les campagnes de PETA car des hommes nus sont aussi utilisés de temps en temps est un leurre.

Nous ne pouvons pas mettre fin à l’objectification des animaux non-humains par l’objectification des femmes. Nous ne pouvons pas mettre fin à la violence envers les animaux non-humains par la violence envers les femmes. Il est temps de décoloniser le schema militant.

Les informations fournies sur l’industrie de la pornographie dans cet essai sont tirées du documentaire, The Price of Pleasure.

 


Corey Lee WrennDr. Wrenn is Lecturer of Sociology. She received her Ph.D. in Sociology with Colorado State University in 2016. She received her M.S. in Sociology in 2008 and her B.A. in Political Science in 2005, both from Virginia Tech. She was awarded Exemplary Diversity Scholar, 2016 by the University of Michigan’s National Center for Institutional Diversity. She served as council member with the American Sociological Association’s Animals & Society section (2013-2016) and was elected Chair in 2018. She serves as Book Review Editor to Society & Animals and has contributed to the Human-Animal Studies Images and Cinema blogs for the Animals and Society Institute. She has been published in several peer-reviewed academic journals including the Journal of Gender Studies, Feminist Media Studies, Disability & Society, Food, Culture & Society, and Society & Animals. In July 2013, she founded the Vegan Feminist Network, an academic-activist project engaging intersectional social justice praxis. She is the author of A Rational Approach to Animal Rights: Extensions in Abolitionist Theory (Palgrave MacMillan 2016).

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Est-ce que le sexe fait vendre les droits des animaux ? LA RECHERCHE DIT NON !

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TRIGGER WARNING: Sexisme

Excellentes nouvelles tout le monde ! Deux chercheurs en Australie ont voulu tester l’hypothèse de PETA selon laquelle le sexe fait vendre les droits des animaux :

Des images de femmes dénudées sont utilisées par les annonceurs pour rendre des produits plus attrayants chez les hommes. Cette approche du « sexe fait vendre » est de plus en plus employée pour mettre en avant des causes éthiques, surtout par l’organisation de droits des animaux PETA. Pourtant les images sexualisées peuvent déshumaniser les femmes, nous laissant avec un paradoxe en suspens : est-il efficace de promouvoir une cause éthique en utilisant des moyens contraires à l’éthique ? Dans l’étude numéro 1, un échantillon d’étudiants masculins australiens (N = 82) ont regardé des publicités de PETA contenant soit des images sexualisées de femmes, soit non-sexualisées. Les intentions de soutenir l’organisation éthique étaient réduites pour ceux exposés à la publicité sexualisée, et cela s’expliquait par leur déshumanisation des femmes sexualisées, et non pas par une augmentation de l’excitation. L’étude numéro 2 a rassemblé un échantillon communautaire mixte des Etats-Unis (N = 280), répliquant cette découverte et l’étendant en démontrant que les comportements utiles à la cause éthique diminuaient après le visionnage de publicités sexualisées, dû une nouvelle fois à la déshumanisation des femmes représentées. Les explications alternatives relatives à la crédibilité réduite des femmes sexualisées et de leur objectification n’étaient pas appuyées. Lorsqu’elles promeuvent des causes éthiques, les associations pourraient bénéficier de l’utilisation de stratégies publicitaires qui ne déshumanisent pas les femmes.

La conclusion ?

Globalement, ces constatations sont les premières à démontrer que les images sexualisées qui déshumanisent les femmes réduisent les préoccupations relatives aux comportements éthiques dans un domaine sans rapport avec les relations de genre et le sexe. 

Salon annonce que PETA, en réponse à cette recherche, campait sur ses positions, insistant sur le fait que les femmes nues attirent le plus l’attention des médias. Donc, peut-être que nous déformons l’hypothèse de PETA. Ils utilisent des femmes nues non pas pour sensibiliser et mettre fin à l’exploitation animale, mais pour récolter des fonds et sensibiliser à propos de PETA. La tactique du « sexe fait vendre », comme je l’ai soutenu, est un indicateur du complexe industriel sans but lucratif, dans lequel des messages compromis et la récolte de dons sont prioritaires par rapport au véritable changement social. PETA ignore vraiment cette étude, même s’il a été démontré que leurs tactiques n’aident pas les animaux non-humains. Ils continueront à chosifier les femmes car « cela fait les gros titres ». N’est-il pas évident que cela n’a rien à voir avec un changement social efficace?

Three naked women stand behind a PETA anti-fur banner outside. A female bystander looks shocked.
Bien sûr, même si cette étude démontre que ce n’est pas efficace, il existe également une montagne d’études qui démontrent que l’objectification sexuelle des femmes est directement liée à la violence envers les femmes et à leur dévaluation.

 


Corey Lee WrennDr. Wrenn is Lecturer of Sociology. She received her Ph.D. in Sociology with Colorado State University in 2016. She received her M.S. in Sociology in 2008 and her B.A. in Political Science in 2005, both from Virginia Tech. She was awarded Exemplary Diversity Scholar, 2016 by the University of Michigan’s National Center for Institutional Diversity. She served as council member with the American Sociological Association’s Animals & Society section (2013-2016) and was elected Chair in 2018. She serves as Book Review Editor to Society & Animals and has contributed to the Human-Animal Studies Images and Cinema blogs for the Animals and Society Institute. She has been published in several peer-reviewed academic journals including the Journal of Gender Studies, Feminist Media Studies, Disability & Society, Food, Culture & Society, and Society & Animals. In July 2013, she founded the Vegan Feminist Network, an academic-activist project engaging intersectional social justice praxis. She is the author of A Rational Approach to Animal Rights: Extensions in Abolitionist Theory (Palgrave MacMillan 2016).

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Chère Nouvelle Vegane

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TRIGGER WARNING: Sexisme et violence sexuelle

Two young thin white PETA volunteers pose naked on a street corner with their bodies marked like meat cuts holding a PETA sign that asks viewers to go vegan
Chère Nouvelle Végane,

Prépare-toi, car un parcours mouvementé t’attend. Devenir vegane est, au début, une expérience très frustrante et traumatisante. Tu devras apprendre à manger autrement, ce que tu peux acheter ou non, comment gérer tes amis et ta famille, et comment gérer les sentiments intenses de colère et de tristesse qui viennent lorsque l’on ouvre son esprit et son cœur à la souffrance des autres. Rien de tout cela ne sera facile, mais, je te prie de ne pas abandonner, car cela deviendra vraiment plus facile au fur et à mesure de ton parcours. Cela deviendra normal et habituel avant que tu ne le réalises, je le promets.

Tu te tourneras probablement vers la communauté vegane pour t’aider lors de cette transition. Tu te feras beaucoup d’amis formidables et tu apprendras beaucoup des autres. Tu ressentiras un grand sentiment de paix en sachant que tu n’es pas seule et qu’il existe d’autres personnes qui sont aussi passionnées que toi pour changer le monde.

Par la suite, cependant, tu pourrais commencer à réaliser qu’être vegane est une chose, mais qu’être vegane et s’identifier1 comme une femme est tout autre chose. Si tu es en couple, tu pourrais t’apercevoir que ton/ta partenaire est hostile par rapport à ton choix. Surtout si ton partenaire s’identifie comme un homme, ta présence vegane pourrait présenter une remise en question de son autorité masculine. Il pourrait insister sur le fait que tu ne pourras jamais le changer (même si tu n’as jamais mentionné quoi que ce soit à ce sujet !). Il pourrait insister à ce que tu prépares des plats non-vegans, ou que tu l’accompagnes dans des restaurants non-vegans. En tant que femme, tu pourrais ressentir une pression importante à concéder cela. On apprend très tôt aux femmes que les intérêts des hommes passent en premier. C’est nul, mais c’est comme ça. Ne te sens pas mal si c’est le cas.

Woman looking outraged as her male partner scoffs down a burger

Si tu t’identifies en tant que femme, tu pourrais réaliser que tes amis s’identifiant comme des hommes sont également rebutés par ton véganisme. Par exemple, un post Facebook bien intentionné qui rappelle à tes lecteurs que les animaux non-humains comptent aussi, pourrait ennuyer des hommes qui sont prompts à répondre par des commentaires te décrivant comme quelqu’un de a) trop sentimentale ; b) grande gueule ; ou c) « folle ». La sensiblerie, le franc-parler, et la maladie mentale sont toutes des caractéristiques hautement sexuées. Les femmes sont vite rejetées comme étant soit trop féminines, soit pas assez féminines. Pendant des siècles, nous les femmes avons été stéréotypées comme étant « hystériques » et de là institutionnalisées pour nous contrôler et nous faire taire. Tu te trouveras souvent entre le marteau et l’enclume : ne sois pas trop sentimentale, mais, en même temps, surveille ton ton et ne sois pas trop agressive. Tu réaliseras qu’il est quasiment impossible de leur faire plaisir, et je suggère que tu continues simplement à continuer ce que tu faisais.

Male-identified vegan leader gives talk with microphoneMais tes combats en tant que femme végane pourraient ne pas s’arrêter là. Si tu décides qu’être vegane n’est pas assez et que tu veux t’impliquer dans l’activisme, tu feras à nouveau face à plus de violence masculine. L’activisme vegan est dominé par les femmes en termes de nombres, donc tu pourrais t’imaginer que c’est un espace sûr pour toi. De nombreuses manières, ça l’est. Tu trouveras de la solidarité féminine. En revanche, le mouvement vegan est fortement contrôlé par les hommes. Les hommes mènent l’activisme vegan – ils créent la théorie et ils définissent les tactiques qui sont acceptables. Ils occupent majoritairement la scène et leur voix sont les plus fortes.

Ce que cela veut dire c’est que tu ressentiras beaucoup de pression pour aider les autres animaux en ayant un rôle discret en coulisses en soutien de ces hommes. Tu pourrais aussi être encouragée à enlever tes vêtements pour certaines campagnes. Ce ne seront peut-être pas directement les hommes qui te diront de les enlever (les femmes t’encourageront aussi), mais les normes patriarcales du mouvement ont créé un environnement dans lequel on attend tout simplement des femmes qu’elles deviennent des objets sexuels « pour les animaux ». Tu pourrais commencer à penser que se déshabiller pour la cause est « libérateur ». Si tu commences à penser cela, wow, stop. Détrompe-toi. Songe également au fait que seules les femmes minces, blanches, cis sont autorisées à « s’émanciper » pour les autres animaux, et que réveiller les hommes sexuellement n’est pas réveiller les hommes sur le véganisme. Les recherches empiriques indiquent que faciliter l’oppression des femmes ne remet pas en cause l’oppression d’autres animaux.

Tu trouveras également beaucoup d’harcèlement et de violence sexuelle envers les femmes dans le mouvement vegan. Je ne veux pas te faire peur, mais c’est la vérité, et tu devrais être prévenue. C’est quelque chose dont on parle peu, mais c’est plutôt monnaie courante. Si tu es une femme, ne laisse pas cela te dissuader : rappelle-toi simplement que l’engagement pour la justice sociale pour les animaux non-humains ne se traduit pas nécessairement en un engagement pour la justice sociale pour tous. Vraiment, ces hommes qui insistent sur le fait qu’ils se soucient des droits et du bien-être des femmes, des personnes de couleur, et autres groupes humains désavantagés tendent à être tout aussi dangereux que ceux qui ne prennent pas la peine de s’en soucier. Si tu t’identifies comme un homme, je t’implore de travailler pour rendre les espaces militants plus sûrs.

Malheureusement, le travail du changement du monde est le travail des hommes. Si tu t’identifies comme femme, il est probable que tu rencontres de la résistance si tu souhaites participer à la sensibilisation au véganisme de façon plus significative qu’en faisant le café ou en te déshabillant. Cela ne doit pas se passer comme ça. Essaye de ne pas te perdre. Reste forte, prend la parole, et demande à être respectée. Insiste pour que le véganisme soit une expérience positive et ferme. Ne laisse pas les mentalités oppressives de certains t’empêcher de faire le travail important que tu avais prévu. Et messieurs, soyez s’il-vous-plaît solidaires des femmes. Un peu d’aide ne ferait pas de mal.

P.S. Si tu es une femme de couleur, c’est un ensemble supplémentaire de défis. En tant que femme blanche, je ne peux pas parler en profondeur de ces défis, mais je peux te dire que le mouvement vegan peut être un endroit vraiment désagréable par moments. Jette absolument un oeil au Projet Sistah Vegan!

– Corey Lee Wrenn, M.S., A.B.D. Ph.D.

Notes:

1. Cet article parle de l’expérience féminine, qui peut inclure celle des femmes trans, femmes intersexuées, et femmes gender-queers. Il faut prendre en compte le fait que les veganes trans, intersexuées, et gender-queers font face à un nombre supplémentaire de défis dans le mouvement.

This piece was originally submitted to an advocacy anthology designed to introduce new vegans to the movement, but did not make the final cut. For more information on sexism in the Nonhuman Animal rights movement, please stay tuned for my forthcoming release, A Rational Approach to Animal Rights: Extensions in Abolitionist Theory to be published by Palgrave Macmillan later this year. Please also see my publication with the Journal of Gender Studies, “The Role of Professionalization Regarding Female Exploitation in the Nonhuman Animal Rights Movement and my essay for The Feminist Wire, “Gender Policing the Vegan Woman.”


Corey Lee WrennDr. Wrenn is Lecturer of Sociology. She received her Ph.D. in Sociology with Colorado State University in 2016. She received her M.S. in Sociology in 2008 and her B.A. in Political Science in 2005, both from Virginia Tech. She was awarded Exemplary Diversity Scholar, 2016 by the University of Michigan’s National Center for Institutional Diversity. She served as council member with the American Sociological Association’s Animals & Society section (2013-2016) and was elected Chair in 2018. She serves as Book Review Editor to Society & Animals and has contributed to the Human-Animal Studies Images and Cinema blogs for the Animals and Society Institute. She has been published in several peer-reviewed academic journals including the Journal of Gender Studies, Feminist Media Studies, Disability & Society, Food, Culture & Society, and Society & Animals. In July 2013, she founded the Vegan Feminist Network, an academic-activist project engaging intersectional social justice praxis. She is the author of A Rational Approach to Animal Rights: Extensions in Abolitionist Theory (Palgrave MacMillan 2016).

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